En Union soviétique, la scolarité au lycée fut un temps payante et l’uniforme, identique dans les toutes les écoles, devint obligatoire après la Grande Guerre patriotique. Comment était l’école à l’époque soviétique?
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1 - Les enfants n’étaient pas les seuls à aller à l’école. Il existait des écoles du soir pour les adultes, qui allaient en cours après leur journée de travail. Avant la Révolution d’Octobre, ils ne pouvaient recevoir un enseignement général dans des cercles d’activités facultatives ou les maisons du peuple.
Dans le film La Grande Récréation, le personnage de Nestor Severov est recruté dans une école du soir et nommé professeur principal de la classe 9A. La plupart de ses élèves sont plus âgés que lui : certains s’endorment pendant les cours, d’autres préfèrent les sécher pour aller danser.
2 - La scolarité en Union soviétique n’a pas toujours été gratuite. Entre 1940 et 1956, les études dans les classes supérieures (l’équivalent du lycée français) coûtaient entre 150 et 200 roubles par an.
Les journaux soviétiques de cette époque expliquaient que l’enseignement payant était une nécessité pour répondre aux « tendances parasites » et arguaient que les frais de scolarité couvraient seulement une partie des dépenses engagées par l’État pour la formation de chaque lycéen.
3 - La semaine de travail durait six jours : du lundi au samedi.
Notamment du fait qu’il y avait 30-40 élèves par classe et qu’il fallait composer les emplois du temps de telle façon qu’ils reçoivent tous l’enseignement prévu par les programmes de l’Éducation nationale.
4 - Entre 1943 et 1954, garçons et filles faisaient leurs études dans des classes séparées. La mixité fut abrogée à Moscou, Leningrad, dans les capitales des Républiques, celles des régions et des kraï, dans les grandes villes industrielles.
On considérait alors qu’un enseignement non mixte favorisait la discipline. En tout cas, cela eut un effet réellement positif sur le nombre de très bons élèves (récompensés par des médailles d’or et d’argent). En 1953, 10,5 % des filles et 11,6 % de garçons furent distingués. Dans les écoles où l’enseignement était resté mixte, seuls 4,4 % avaient obtenu d’excellents résultats. La discipline n’expliquait pas à elle seule la fin de la mixité : à cette époque, les garçons avaient des cours dans des matières militaires.
5 - Longtemps, il n’y eut pas d’uniforme unique. En 1918, l’uniforme avait été supprimé pour des raisons tout à fait simples. D’une part, il était associé à l’Ancien Régime. D’autre part, les parents étaient loin d’avoir tous les moyens d’acheter des uniformes à leurs enfants.
L’uniforme, identique dans toutes les écoles d’URSS, fut introduit en 1947. Son achat restait à la charge des parents.
Au milieu des années 1980, il fut décidé que les lycéens auraient un uniforme différent de celui de leurs cadets. De la 1re à la 8me, les filles portaient une robe marron avec un tablier (noir les jours ordinaires, blanc les jours de fête). En 9me et 10me, elles portaient un costume bleu marine 3 pièces : jupe, gilet et veste. Pour ne pas avoir l’impression de porter tous les jours les mêmes vêtements, les filles avaient des trucs : alterner blouse et chemisier, veste et gilet ou raccourcir leurs robes, ce contre quoi luttaient les enseignants.
Les élèves à la tenue débraillée étaient renvoyés chez eux. De même que ceux qui se présentaient à l’école sans leur uniforme, même s’ils avaient une raison valable (par exemple, quand il n’était pas encore tout à fait sec après avoir été lavé).
6 - Au milieu des années 1960, des cours de préparation militaire et sur les fondements de l’État et du droit soviétiques furent ajoutés au programme d’enseignement général.
L’été, collégiens et lycéens faisaient des heures de travail collectif : ils entretenaient les espaces verts autour du bâtiment de leur école, lavaient les vitres de leurs classes. Les plus âgés pouvaient être envoyés travailler dans des kolkhozes ou sovkhozes.
7 - Dans les années 1920-1930, plusieurs méthodes novatrices de pédagogie furent appliquées dans les écoles soviétiques. Par exemple, celle appelée « plan Dalton » : les enfants ne suivaient pas de cours, travaillaient seuls ou en équipes, les enseignants étaient des sortes de consultants.
« Le plan Dalton était en vigueur dans notre école. Il s’agissait d’un système dans lequel le personnel enseignant ne faisait rien et les écoliers devaient tout apprendre eux-mêmes. C’est en tout cas comme cela que je l’avais compris. À la différence d’aujourd’hui, il n’y avait pas de cours. Les écoliers avaient des tâches à accomplir de mois en mois. Ils pouvaient se préparer à l’école et à la maison. Lorsqu’ils étaient prêts, ils allaient répondre aux laboratoires. Les laboratoires remplaçaient les classes », racontait le héros du livre de Nicolas Ognev, Le Journal de Kostia Riabtsev.
8 - Les écoliers soviétiques portaient leurs manuels et cahiers dans des cartables. Après la Révolution d’Octobre, ils furent supprimés, tout comme l’uniforme. Ils firent leur retour dans les années 1950 seulement.
Les cartables devinrent progressivement plus légers. Les écoliers furent autorisés à coller des autocollants (par exemple, de personnages de contes et de dessins animés) sur leurs rabats. Ce ne fut pas autant que les cartables qui se ressemblaient tous furent plus aimés.
Dans les années 1980, les écoliers commencèrent à remplacer leurs cartables par des sacs de sport. Les lycéens aimaient crâner avec des attachés-cases.
9 - Les filles n’avaient le droit ni de porter de bijoux, ni de se maquiller.
On ne plaisantait pas à ces deux points du règlement.
Celles qui s’étaient maquillées devaient aller aux toilettes enlever leur maquillage à l’eau froide (quel plaisir !).
10 - « Écrire les lettres dans son cahier d’une plume fine ». Les écoliers soviétiques ont longtemps écrit à la plume. Dans leur cartable, ils avaient un encrier hermétique. Puis vint le temps des stylos à plume. Que ce soit avec une plume ou un stylo, il fallait faire attention à ce qu’ils ne fuient pas : on était facilement grondé pour un cahier mal tenu.
Dans le film La Première Année de Classe (1948), l’une des enfants qui tient pour la première fois de sa vie une plume fait une tache sur son cahier. Ses amies chuchotent avec crainte. Mais, la maîtresse vient en aide à la malheureuse et lui demande de recommencer son travail d’écriture sur une nouvelle feuille.
Les stylos à bille firent leur apparition dans les trousses à la fin des années 1970. Si les élèves en étaient contents, les professeurs estimaient qu’on ne pouvait avoir une belle écriture qu’au stylo à plume.
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